La Belgique décerne le prix Awa aux entrepreneures d’Afrique et du Moyen-Orient
Ce jeudi 26 janvier, en présence de S.A.R. la Reine Mathilde et de la Ministre de la Coopération au développement et de la Politique des Grandes villes, Caroline Gennez, sera décerné à Bruxelles le prix Awa. À travers ce prix, notre pays entend récompenser les initiatives prometteuses d’entrepreneures en Afrique et au Moyen-Orient et promouvoir le leadership féminin. À l’initiative de la Ministre de la Coopération au développement et de la Politique des Grandes villes, le prix Awa est organisé par Enabel, l’Agence belge de développement.
Les lauréates sont Aminata Simpara du Mali, Credia Umuhire Ruzigana du Rwanda, Rim Machhour du Maroc et Kathia Iradukunda du Burundi. Leurs projets ont été sélectionnés parmi plus de 2.400 candidatures provenant de 16 pays. En remportant le prix Awa, elles bénéficieront d’une semaine de coaching intensif et auront la chance d’échanger leurs expériences et leurs connaissances avec des entrepreneures ici en Belgique. Dans leur pays d’origine, un accompagnement professionnel leur sera également fourni pendant un an afin de les aider à développer davantage leur entreprise.
« Les lauréates du prix Awa sont toutes des modèles impressionnants », a déclaré la
Ministre Caroline Gennez. « J’éprouve une grande admiration pour leur persévérance, leur créativité et leur courage. Elles inspireront d’innombrables autres filles et femmes au sein leur propre communauté à leur emboîter le pas ».
Et c’est bien nécessaire. Pour de nombreuses femmes, la voie de l’entrepreneuriat est encore parsemée d’embuches, physiques et mentales. Dans certains pays, les femmes ne sont ainsi pas autorisées à gérer un compte bancaire sans le consentement de leur mari. En Afrique et au Moyen-Orient, moins de 40 % des femmes possèdent un compte bancaire. L’entrepreneuriat est souvent considéré comme une activité inacceptable pour une femme. Dans le monde entier, les normes sociales imposent encore aux femmes de s’occuper principalement du ménage et des enfants. Non encouragées à devenir des entrepreneures, les filles peuvent dès lors se convaincre qu’elles n’ont pas les compétences nécessaires pour créer et gérer elles-mêmes une entreprise.
Et pourtant, l’entrepreneuriat féminin a un impact positif énorme. Pour les femmes elles-mêmes, il s’agit d’un levier d’autonomisation financière, également bénéfique pour l’égalité entre hommes et femmes : les entrepreneures génèrent ainsi souvent des revenus supplémentaires tout en renforçant leur position au sein de la famille. Près de 90 % de l’argent qu’elles gagnent grâce à leur entreprise seront réinvestis dans leurs familles et la communauté locale, et donc la société au sens large. En élevant des entrepreneures prometteuses au rang de modèles, le prix Awa vise à rendre l’entrepreneuriat plus accessible aux femmes.
« Nous pouvons apprendre beaucoup de ces femmes entreprenantes, de leurs idées pétillantes et de leur résilience. Elles forcent le respect et nous inspirent », déclare Jean Van Wetter, directeur général d'Enabel.
« Cette initiative souligne une fois de plus l’esprit d’entreprise qui règne dans nos pays partenaires où les populations n’ont que faire de la charité. La réussite d’Aminata, de Credia, de Rim et de Kathia est la preuve qu’en offrant la possibilité aux personnes de se développer et de déployer pleinement leurs talents, celles-ci prennent le contrôle de leur propre vie et peuvent à leur tour créer des opportunités pour les autres », a conclu la Ministre Gennez.
Cette première édition du prix Awa s’est déroulée d’octobre à décembre 2022. Plus de 2.400 candidatures provenant de 16 pays (Tanzanie, Maroc, Rwanda, Ouganda, Bénin, Jordanie, Sénégal, Guinée, Palestine, RD Congo, Burkina Faso, Burundi, Mali, Mauritanie, Mozambique et Niger) ont été évaluées sur la base de divers critères, notamment la qualité, la pertinence, la motivation, l’inclusivité, la faisabilité et le respect du climat. Au total, 80 entrepreneures ont été sélectionnées dans quatre catégories : « Start-up », « Scale-up », Innovation et prix du public. Sur ces 80 personnes, 12 ont été retenues comme finalistes à l’issue d’entretiens avec un jury dans lequel étaient représentées Enabel, la banque de développement belge BIO et des entrepreneurs belges. Le prix du public a été attribué par un vote en ligne.
Les lauréates :
Aminata Simpara du Mali remporte le prix dans la catégorie « Start-up » (entreprises existant depuis moins de trois ans). Elle est la fondatrice et la directrice de N’terini, une petite entreprise établie dans la capitale Bamako qui produit depuis 2021 des serviettes hygiéniques lavables et donc réutilisables. Si elle a à son actif un diplôme de journalisme et de communication, Aminata a créé son entreprise pour briser le tabou de la précarité menstruelle et proposer des solutions concrètes. De nombreuses jeunes Maliennes n’ont en effet pas accès à des serviettes hygiéniques en raison de leur prix, ce qui fait que, souvent, elles ne vont pas à l’école pendant leurs règles. En moins de deux ans, la petite entreprise d’Aminata compte quelque 5.000 clientes et a créé six emplois.
La Rwandaise Credia Umuhire Ruzigana remporte le prix Awa dans la catégorie « Scale-up » (entreprises existant depuis plus de trois ans). Credia (25 ans) est la fondatrice et la directrice d’Imanzi Creations, une entreprise qui publie depuis 2019 des romans, des bandes dessinées et des jeux de société faisant revivre de vieilles histoires et des contes de fées issus de la riche histoire culturelle du Rwanda. Il n’existe pas vraiment de culture de la lecture dans ce pays, qui ne dénombre que peu de bibliothèques et de maisons d’édition. L’entreprise de Credia vise à inverser cette tendance tout en soutenant l’alphabétisation dans le pays.
Rim Machhour, la fondatrice et la directrice de Dealkhir.ma au Maroc, remporte le prix Awa dans la catégorie « Innovation ». Titulaire d’un master en innovation sociale, Rim Machhour (26 ans) a cofondé en 2021 Dealkhir.ma, une plateforme d’e-commerce solidaire. Les personnes, qui effectuent des achats en ligne, ont la possibilité de faire un don gratuit au profit de projets de solidarité communautaire via cette plateforme. Dealkhir peut proposer de telles offres grâce aux partenariats négociés avec des entreprises. En deux ans, Rim Machhour a ainsi déjà réussi à effectuer 60 achats pour huit projets sociaux.
Kathia Iradukunda du Burundi, enfin, la fondatrice et la directrice de Hyacinth Art House, remporte le prix du public. Engagée depuis son plus jeune âge dans la protection environnementale, Kathia (26 ans) a créé en 2021 une entreprise pour lutter contre la jacinthe d’eau invasive qui menace le lac Tanganyika. La Hyacinth Art House récolte les jacinthes d’eau du lac et les transforme en divers objets d’art (paniers, tapis, sets de table...). L’entreprise contribue ainsi à la réhabilitation du lac Tanganyika, ainsi qu’à la promotion de l’artisanat et à l’autonomisation des femmes au Burundi. En moins de deux ans, la Hyacinth Art House a déjà retiré cinq tonnes de jacinthe d’eau du lac et formé 100 femmes aux techniques de tissage.