44% des femmes dans le monde ne disposent pas librement de leur corps : la ministre Caroline Gennez renouvelle son soutien à SheDecides
La ministre de la Coopération au développement et de la Politique des grandes villes, Caroline Gennez, renouvelle le soutien belge à SheDecides. Il s’agit d’une initiative internationale qui œuvre pour l’égalité en matière de genres et le droit des femmes et des filles à prendre leurs propres décisions concernant leur santé et leur sexualité. C’est ce qu’a annoncé la ministre à l’occasion du sommet des donateurs d’ONU Femmes qu’elle accueillera à Bruxelles les 10 et 11 mai.
Malgré les progrès réalisés en matière de droits des femmes au cours des dernières décennies, le combat pour l’égalité des genres n’est pas terminé. Un rapport récent de l’UNFPA, le fonds des Nations Unies pour la population, a révélé que pas moins de 44% des femmes dans le monde ne peuvent pas prendre de décisions en ce qui concerne leur propre santé reproductive et leur sexualité. Cela signifie, par exemple, qu’elles n’ont aucun contrôle sur l’utilisation de la contraception et qu’elles n’ont pas la liberté de choisir en matière d’avortement ou de relations sexuelles avec leur partenaire. L’éducation sur la santé et les droits sexuels et reproductifs – une condition cruciale pour que les filles et les femmes puissent revendiquer leurs droits et prendre des décisions éclairées – est également soumise à une pression croissante.
« À l’heure actuelle, nous assistons à une véritable hostilité envers les droits des femmes dans le monde entier. Dans nos programmes de coopération avec nos pays partenaires, nous mettons depuis longtemps l’accent sur l’éducation pour les filles et les femmes, ainsi que sur la santé, les soins de santé et les droits sexuels et reproductifs. Ce choix porte ses fruits. Et nous poursuivrons nos efforts en ce sens. Cependant, nous constatons un véritable mouvement international anti-genre et anti-droits des femmes qui gagne du terrain et veut réduire à néant les progrès durement acquis. Il ne faut pas aller très loin pour faire ce constat. Il suffit de voir le durcissement des lois sur l’avortement ou l’éducation sexuelle aux États-Unis, en Pologne ou en Hongrie. Ou en Belgique. Nous devons nous y opposer. C’est pourquoi des initiatives comme SheDecides restent indispensables », indique la ministre Gennez.
Le mouvement SheDecides a été fondé en 2017 par la Belgique, les Pays-Bas, la Suède et le Danemark en réaction au Global Gag Rule du président américain de l’époque, Donald Trump. Cette règle interdisait aux organisations internationales et aux ONG qui recevaient le soutien des États-Unis de pratiquer des avortements ou de les « promouvoir ». L’initiative SheDecides a permis à ces organisations de continuer à offrir des procédures d’avortement sans risque, de l’éducation sexuelle, des moyens de contraception et des soins post-natals dans les pays en développement. Aujourd’hui, le combat se poursuit pour le droit à l’autonomie des femmes et des filles en ce qui concerne leur corps. En mars, la ministre Gennez est également devenue l’une des ambassadrices officielles de SheDecides.
« Pouvoir prendre des décisions de manière autonome sur son propre corps, c’est vraiment la base absolue. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour près de la moitié des femmes dans le monde. Malgré ce que nous avons déjà accompli, la tâche est loin d’être terminée. Mais la situation n’est pas désespérée : ces dernières années, de nombreux pays ont adopté des lois qui consacrent l’égalité entre les femmes et les hommes, surtout en Afrique et en Asie. Il existe dans 115 pays une législation qui donne aux femmes et aux filles l’accès aux soins de santé sexuelle et reproductive. Encore plus de pays (4 sur 5) ont inclus l’éducation sexuelle et relationnelle dans leurs programmes de cours nationaux. Mais nous devons rester vigilants et ne jamais considérer que les progrès sont automatiques ou vont de soi », ajoute la ministre Gennez.
La Belgique soutiendra SheDecides à hauteur de 400 000 euros en 2023.
Outre SheDecides, la Belgique soutient d’autres organisations qui œuvrent en faveur de l’égalité des genres et des droits des femmes dans le monde entier, telles que le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Fonds mondial pour les Survivantes (GSF) et ONU Femmes.
La ministre Gennez accueillera la Table ronde des donateurs d’ONU Femmes à Bruxelles
La Belgique est l’un des premiers donateurs d’ONU Femmes, l’organisation des Nations Unies qui œuvre pour les droits des filles et des femmes dans le monde entier. Son action consiste à engager le dialogue sur l’évolution des normes sociales, à donner des recommandations aux gouvernements en matière de législation et à fournir aux femmes et aux filles les connaissances et les ressources nécessaires pour faire valoir leurs droits. Grâce à notre « contribution fondamentale » – c’est-à-dire le financement de ses ressources générales – ONU Femmes peut distribuer l’aide en fonction des besoins et prendre des mesures rapides en cas de crise. Ce soutien reste inchangé, malgré les nombreuses autres situations de crise dans le monde, comme la guerre en Ukraine.
Les 10 et 11 mai, la ministre Gennez accueillera conjointement avec Sima Bahous, Directrice Générale d’ONU Femmes et co-organisatrice, les autres donateurs (principaux) à Bruxelles. Parmi les invités, il y aura notamment Jutta Urpilainen, commissaire européenne en charge des Partenariats internationaux, Mireille Masangu Bibi Muloko, ministre du Genre, de la Famille et des Enfants de RDC et Karin Nilsson, directrice de SheDecides.
« L’égalité de genre est et restera une priorité absolue pour la Belgique, aussi bien en politique nationale que dans notre politique étrangère. C’est un immense honneur pour moi de pouvoir accueillir autant de femmes et de leaders inspirants ici à Bruxelles pour voir comment nous pouvons poursuivre et renforcer ensemble la lutte pour les droits des femmes », indique Caroline Gennez.
L’émancipation économique des femmes et l’importance des modèles féminins seront au cœur de la rencontre.
« Là où les femmes travaillent, la société progresse », déclare la ministre Gennez. « Mais les femmes sont encore sous-évaluées et sous-payées. Surtout dans nos pays partenaires, mais ici également. 2,7 milliards de femmes n’ont pas le même choix d’emplois que les hommes. Seulement 5% des entreprises du Fortune 500 ont une femme comme PDG. Dans de nombreux pays, il reste également difficile pour les femmes de créer leur propre entreprise. Cependant, cela ne les arrête pas. En Afrique subsaharienne, on constate même que la majorité des entrepreneurs sont des femmes. C’est positif, mais elles ont encore beaucoup d’obstacles à surmonter, tant dans la société qu’en elles-mêmes. C’est pourquoi il est si important qu’elles aient des modèles, qui peuvent donner aux filles et aux jeunes femmes la confiance nécessaire : si elle peut le faire, pourquoi pas moi ? »
Le deuxième jour du sommet, la situation des filles et des femmes dans les crises humanitaires sera à l’ordre du jour, comme c’est actuellement le cas en Ukraine, dans l’est du Congo et en Afghanistan. L’une des oratrices afghanes est une jeune activiste en faveur des droits de l’homme, Atefa Kakar, que la ministre a récemment rencontrée lors d’une visite de travail à Anvers. La semaine dernière, la ministre Gennez a encore demandé au Conseil européen de parler d’une seule voix contre le régime taliban afin de continuer à assurer un soutien humanitaire aux femmes et aux filles afghanes.
« Sous le régime taliban en Afghanistan, les femmes ne sont plus autorisées à travailler ou à fréquenter l’école. Avec ces interdictions, les talibans se tirent surtout une balle dans le pied. Qui sait combien d’enseignantes, de sages-femmes ou d’ingénieures n’auront pas la possibilité de contribuer à la société ? Là où les extrêmes sont au pouvoir, les femmes et les filles sont souvent les premières victimes. Mais en définitive, c’est tout le monde qui est perdant », conclut la ministre.