Communiqué de presse
18 Mars 2024
La Belgique promet 190 millions d’euros d’aide humanitaire et attire l’attention sur les « crises oubliées » au Forum humanitaire européen
Aujourd’hui, la ministre de la Coopération au développement et de la Politique des grandes villes, Caroline Gennez, a promis au nom de la Belgique un budget humanitaire de 190 millions d’euros pour 2024. Elle a promis cette somme à l’occasion du Forum humanitaire européen, un rassemblement annuel de décideurs politiques et de travailleurs humanitaires qui œuvrent dans le domaine de l’aide humanitaire. À l’initiative de la présidence belge du Conseil de l’Union européenne, l’accent est mis cette année sur les « crises oubliées ». Mais le nombre croissant de violations du droit humanitaire international est également à l’ordre du jour : « Les besoins humanitaires n’ont encore jamais été aussi importants. Il n’a encore jamais été aussi difficile d’apporter suffisamment d’aide aux personnes dans le besoin », indique la ministre Gennez.
L’ONU estime qu’environ 300 millions de personnes auront besoin d’une aide humanitaire avant la fin de l’année. Ce chiffre est exceptionnellement élevé en raison des nombreux conflits dans le monde et de l’escalade des conséquences de la crise climatique. En même temps, la
communauté internationale n’a fourni que 40 % de l’aide humanitaire nécessaire en 2023. Le
déficit de financement n’a jamais été aussi grand. À l’occasion de ce Forum humanitaire
européen, la Commission européenne et la présidence belge souhaitent appeler les États
membres et l’ensemble de la communauté internationale des donateurs à fournir un effort
supplémentaire.
La Coopération belge au développement s’engagera cette année à verser 190 millions d’euros
d’aide humanitaire. Avec ce montant, la Belgique figure dans le top 20 des donateurs
internationaux.
« Je suis fière que notre petit pays puisse fournir une contribution relativement importante. De
plus, la Belgique est un donateur très apprécié, car plus de 60 % de notre aide humanitaire va
aux fonds d’urgence et aux ressources générales des organisations humanitaires. Ce qui
signifie qu’ils peuvent décider eux-mêmes à quoi l’aide est affectée et de quelle manière. Cela
permet à ces organisations de planifier stratégiquement et d’agir rapidement sur le terrain
quand une nouvelle crise se présente », explique Caroline Gennez.
Le Forum humanitaire européen est organisé par la Commission européenne, en coopération
avec la présidence tournante du Conseil de l’UE, qui est assurée par la Belgique pour le
moment. Pendant deux jours, quelque 3.000 travailleurs humanitaires, responsables politiques
et représentants d’ONG humanitaires et d’agences des Nations Unies se réuniront à Bruxelles
pour annoncer leurs contributions et examiner comment augmenter l’aide humanitaire et
organiser l’aide plus efficacement.
À la demande de la présidence belge, l’accent est mis cette année sur les crises dites oubliées.
Il s’agit de crises humanitaires à qui la presse et le monde politique accordent peu d’attention et qui, de ce fait, restent sous-financées.
« Cette année encore, l’ampleur des besoins humanitaires dans le monde et la catastrophe qui
perdure à Gaza soulignent malheureusement l’importance du Forum », indique la ministre
Gennez. « Mais il y a aussi d’autres crises qui reçoivent malheureusement moins d’attention –
et donc moins d’argent. Il y a tellement de situations d’urgence et de conflits qu’il semble
presque impossible d’aider tous ceux qui en ont besoin. Rien qu’au Soudan, plus de 6,3 millions de personnes sont déplacées. C’est presque autant que le nombre d’habitants de toute la Flandre. »
L’une des crises oubliées que la présidence belge souhaite mettre en lumière est le conflit qui
se prolonge dans l’est du Congo, et en particulier les violences sexuelles largement répandues.
Selon l’UNICEF, la République démocratique du Congo (RDC) a enregistré le plus grand
nombre de cas de violences sexuelles contre les femmes et les enfants par des groupes armés
en 2021 et 2022. Les hommes et les garçons en sont aussi de plus en plus souvent les
victimes. Mais les cas signalés ne sont que la partie visible de l’iceberg. L’année passée, seuls
39,5 % des fonds nécessaires à la réponse humanitaire en RDC ont été collectés. Vu l’absence
d’un soutien humanitaire suffisant, les organisations se voient contraintes donner la priorité aux cas les plus graves. De nombreuses femmes et filles restent sans protection et doivent même se réfugier dans la prostitution pour survivre, y compris dans les camps de réfugiés.
La Belgique soutient divers projets, organisations des Nations Unies et ONG qui œuvrent pour
la lutte contre les violences liées au genre, l’accueil des survivantes et des survivants de
violences sexuelles et la promotion des droits sexuels et reproductifs et les soins de santé en
RDC. L’un d’entre eux est le Fonds mondial pour les survivantes, qui aide les survivantes à
demander des comptes aux auteurs pour leurs actes et à obtenir des réparations.
« Etant donné que certains conflits s’éternisent et sont extrêmement complexes, l’attention
internationale s’estompe et les financements se tarissent. Mais en tant que communauté
internationale, nous avons la responsabilité d’aider les personnes dans le besoin, quelles que
soient les circonstances. C’est aussi vrai pour un enfant affamé à Gaza que pour une survivante de violences sexuelles dans l’est du Congo », ajoute Caroline Gennez.
Car, en plus du déficit de financement et du grand nombre de crises, il devient de plus en plus
difficile d’acheminer l’aide humanitaire aux personnes dans le besoin. Les belligérants font
preuve d’un manque total de respect pour le droit humanitaire international. Le conflit à Gaza a déjà coûté la vie à plus d’enfants que tous les autres conflits réunis depuis 2019. L’aide
d’urgence est bloquée. La faim est utilisée comme arme de guerre, non seulement à Gaza,
mais aussi dans l’est du Congo et au Soudan. Les travailleurs humanitaires et le personnel
médical sont eux-mêmes de plus en plus souvent la cible de violences. La ministre espère donc
travailler avec le commissaire européen l’Aide humanitaire à la réaction aux crises, Janez
Lenarčič, pour envoyer un message clair sur l’importance du respect du droit humanitaire
international :
« Cela devrait toujours être notre fil conducteur. Malheureusement, nous constatons que le droit humanitaire international est de plus en plus souvent bafoué. Nous devons continuer à dénoncer et à condamner ces actes, peu importe où et quand ils se produisent, et quels que soient les auteurs des violations. Si ces violations restent sans conséquence, nous permettons que le droit international soit sapé, ainsi que l’ordre international fondé sur des règles qui en constitue la base. Nous en subirons tous les conséquences en fin de compte. »