La ministre Caroline Gennez à La Haye : « La normalisation des violences sexuelles dans les situations de guerre doit cesser »
La ministre de la Coopération au développement et de la Politique des grandes villes, Caroline Gennez, se trouve aujourd'hui à La Haye pour parler de la lutte contre les violences sexuelles pendant les conflits : « C'est depuis longtemps une priorité pour la Belgique et la coopération belge au développement. En plus de promouvoir l'égalité des genres, il est important que les survivantes et les survivants soient correctement pris en charge et que les auteurs soient punis. Le rôle de la Cour pénale internationale est crucial à cet égard », indique Caroline Gennez.
La ministre représente la Belgique lors d'une conférence internationale à La Haye sur la poursuite des auteurs de violences sexuelles pendant les conflits. Pendant deux jours, les procureurs des tribunaux nationaux et internationaux se réunissent pour partager leurs expériences et discuter de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas.
L'utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre est encore répandue et systématique. Le nombre croissant de conflits, l’émergence d'armées et de milices privées qui ne sont pas liées par les contrôles des pouvoirs publics ou les traités internationaux, le manque de couverture médiatique et le sous-rapportage massif font qu’il est extrêmement difficile d’avoir une image complète de la situation et de faire en sorte que les auteurs répondent de leurs actes.
Caroline Gennez : « En 2022, 2 455 cas de violences sexuelles liées aux conflits ont été vérifiés par l'ONU. Mais l'UNFPA, l'agence des Nations Unies qui se concentre sur les soins de santé pour les femmes et les filles en situation de crise, affirme avoir reçu et soigné pas moins de 2,3 millions de victimes survivantes dans le monde en 2021. Et ce n'est que la partie visible de l'iceberg. La violence sexuelle est le crime de guerre qui est le plus souvent tu. »
Alors que la très grande majorité des victimes de violences sexuelles dans les situations de conflit sont des filles et des femmes (94%), il y a un nombre croissant de garçons et d'hommes qui y sont confrontés. Le tabou d’en parler est peut-être encore plus grand chez eux.
Le nombre de conflits violents a fortement augmenté ces dernières années. Le monde connaît l'une des périodes les plus violentes depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. De ce fait, il y a aussi plus de violence sexuelle dans les guerres : « Dans le monde entier, nous constatons que des individus, des groupes armés et même des États bafouent de plus en plus explicitement le droit international humanitaire. Le viol, la traite des êtres humains, les mariages forcés ou la prostitution et la torture sont presque considérés comme « normaux » pendant les conflits. L'impunité est la norme. C'est inacceptable. Nous devons nous y opposer, sensibiliser et continuer à condamner fermement les violences sexuelles pendant les conflits, où qu'elles se produisent et quels qu'en soient les auteurs », ajoute Caroline Gennez.
La Belgique considère la violence sexuelle pendant les conflits comme un crime de guerre, une violation flagrante des droits de l'homme et un acte de génocide. Elle souscrit à l'autorité de la Cour pénale internationale pour poursuivre et juger les dossiers de violences sexuelles et de genre. En 2023, notre pays a débloqué 5,5 millions d'euros supplémentaires à cet effet. En outre, la Belgique a versé une contribution volontaire de 500.000 euros au fonds d'aide aux victimes de la CPI. Ce fonds se compose de programmes qui aident les victimes de génocide et de violence sexuelle à se réinsérer et à obtenir réparation. La lutte de la Belgique contre les violences sexuelles dans les situations de conflit se traduit également par un soutien aux activités du Global Survivors Fund en Ukraine et en République démocratique du Congo (RDC). Ce fonds aide également les victimes à demander et à obtenir des réparations de la part des auteurs de ces actes. Notre pays soutient l'initiative depuis 2020 et continuera de le faire à l'avenir.
À La Haye, le ministre rencontre également Pramila Patten, la représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies chargée de la question des violences sexuelles commises en temps de conflit. Elle a récemment publié un rapport sur l'utilisation généralisée du viol et de la torture par le Hamas lors de l'attaque terroriste du 7 octobre. Les violences sexuelles en Palestine et en RDC seront également à l'ordre du jour.
Enfin, la ministre rencontre des procureurs et des juges de la RDC, ainsi que des activistes des droits de l'homme. La RDC continue d'être le pays où les taux de violences sexuelles liées aux conflits sont les plus élevés. Par l'intermédiaire le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l'Homme (BCNUDH), la Belgique soutient la politique de justice transitionnelle du gouvernement congolais. L'intention est de rendre hommage aux innombrables victimes des années de guerre (civile) dans le pays et de rendre enfin justice. Plus précisément, les juges et les procureurs sont formés pour lutter contre l'impunité des violences sexuelles. Dans le cadre de ce programme, un Fonds national pour les réparations aux victimes de violences sexuelles et d'autres crimes graves contre les droits de l'homme (FONAREV) a également été créé. Après une première phase réussie (2021-2023), le projet a été prolongé d'un an.