Communiqué de presse

La Belgique propose d’annuler la dette du Mozambique en échange d’investissements climatiques

En plus de signer un nouveau programme de coopération avec le Mozambique, la ministre de la Coopération au développement, Caroline Gennez, a également remis une lettre au gouvernement mozambicain. Dans ce courrier, le gouvernement belge propose un « debt-for-climate swap ». Une partie de la dette mozambicaine auprès de l’Etat belge sera annulée en échange d’investissements pour lutter contre la crise climatique.

« En échange d’une annulation partielle de la dette nationale, nous demandons au gouvernement du Mozambique de s’engager à renforcer, avec les moyens libérés, le volet pertes et dommages de notre nouveau programme de coopération, entièrement placé sous le signe de la lutte contre la crise climatique. Il s’agit de projets qui aident la population à mieux se préparer aux conséquences du changement climatique, afin d’éviter les dommages et les pertes à l’avenir. Il s’agit notamment de systèmes d’alerte précoce pour les cyclones et de la rénovation des habitations et des écoles afin qu’elles résistent mieux aux conditions météorologiques extrêmes. De cette façon, nous faisons d’une pierre deux coups. La dette se réduit et nous mobilisons des ressources supplémentaires pour lutter contre la crise climatique », explique Caroline Gennez.

Et c’est absolument nécessaire au Mozambique. Le pays est extrêmement sensible aux  effets du changement climatique. Selon le Global Climate Index, il figure parmi les 10 pays les plus durement touchés. Les tempêtes et les inondations deviennent plus intenses chaque année, ce qui entraîne beaucoup de victimes et de dégâts. De ce fait, la population mozambicaine est elle-même demandeuse de projets axés sur l’énergie verte et qui l’aident à s’adapter aux conditions météorologiques qui évoluent. En même temps, le gouvernement n’a pas la capacité nécessaire pour mener une politique climatique très poussée.

Le swap s’élève à environ 2,4 millions d’euros, soit près de la moitié de la dette complète (5,6 millions d’euros). C’est la première fois que la Belgique fait une telle proposition à l’un de ses pays partenaires. La ministre Gennez a remis la lettre à la ministre mozambicaine des Affaires étrangères et de la Coopération, Verónica Macamo, après la signature officielle du nouveau programme de coopération.

« Si nous voulons vraiment agir face à la crise climatique, les pays africains devront participer à cette action. Mais nous devons aussi voir la réalité en face. L’Afrique n’est actuellement responsable que de 4 % des émissions mondiales de CO2, mais c’est elle qui subit le plus de dommages provoqués par les catastrophes climatiques, telles que les sécheresses et les inondations exceptionnelles. Le coût se chiffre à des centaines de milliards d’euros – 50 milliards par an d’ici 2050 selon certaines estimations. En même temps, nous leur demandons de ne pas utiliser de combustibles fossiles et de passer à des alternatives vertes, ce qui demande des investissements supplémentaires. Nous ne pouvons pas parler de solidarité et de développement si nous n’aidons pas les pays africains dans la transition vers une économie plus respectueuse du climat. Et pour cela, nous devons oser regarder au-delà du soutien financier « traditionnel ».Un debt-for-climate swap est un  moyen innovant et créatif de rendre la solidarité entre le Nord et le Sud concrète et réalisable. Je suis donc heureuse que la Belgique soit l’un des pays pionniers en la matière. »

L’annonce intervient pendant la mission au Mozambique, où la ministre rend visite à des projets de la Coopération belge au développement.

« Ce qui me frappe ici, au Mozambique, c’est de voir à quel point les gens sont impliqués dans nos projets. Sur le terrain, nous pouvons vraiment voir le soutien depuis la base. Tout commence par une question simple : quels sont les plus gros problèmes et de quoi avez-vous besoin pour les résoudre ? Cette approche intégrée, au travers de différentes organisations et avec différents donateurs, fait un monde de différence », explique Caroline Gennez.

La proposition de debt-for-climate swap a été cosignée par les ministres belges des Finances et des Affaires étrangères. Si le gouvernement mozambicain l’accepte, la proposition finale devra être approuvée par le gouvernement fédéral. Le debt-for-climate swap devrait être finalisé d’ici la COP28.