La ministre de la Coopération au développement, Caroline Gennez, dirige une mission de l'équipe Europe à Addis-Abeba, en Éthiopie
La Présidence belge du Conseil de l'Union européenne, en collaboration avec la Représentation de l'UE auprès de l'Union africaine, organise une mission « Team Europe » à Addis-Abeba du 5 au 7 février 2024. La mission se concentre sur une coopération plus étroite entre l'Europe et l'Afrique dans le domaine de la santé. La présidence belge veut ainsi renforcer le partenariat entre l'UE et l'UA : « La relation entre l'Afrique et l'Europe est et restera vitale. La pandémie de covid a fait beaucoup de dégâts. C'était chacun pour soi, et les pays les plus pauvres – y compris de nombreux pays africains – étaient les derniers à recevoir des vaccins vitaux. Avec cette initiative dans le cadre de l'équipe Europe, nous prenons des mesures concrètes pour rétablir la confiance », a déclaré le ministre Gennez.
En compagnie de la commissaire européenne à la santé et à la sécurité alimentaire, Stella Kyriakides, et de représentants de haut niveau de l'Allemagne, de la France, de la Hongrie, de la Croatie, des Pays-Bas, de l'Espagne et de la République tchèque, le ministre Gennez consultera la Commission de l'Union africaine et les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Le premier jour, des rencontres sont prévues avec le Commissaire à la Santé de l'UA, Cessouma Minata Samaté, et le Directeur général du CDC Afrique, Dr Jean Kaseya. L'objectif est de discuter des questions et des défis communs avec les partenaires africains dans la perspective d'une réunion de haut niveau UE-UA sur la santé mondiale qui se tiendra à Bruxelles le 20 mars.
Gennez : « La santé est un domaine politique dans lequel la coopération et l'échange de connaissances profitent à tous. Nous ne pouvons être en bonne santé ici en Europe que si l'Afrique l'est aussi. Les pays africains ont beaucoup d'expérience dans l'endiguement de nouvelles épidémies ; Les pays européens ont les soins de santé les meilleurs et les plus accessibles au monde. Les deux régions partagent la vision selon laquelle l'égalité d'accès à des soins de santé abordables et de haute qualité – y compris les médicaments et les vaccins – est la base d'un État-providence fort et d'un développement durable. Cela crée les conditions pour faire de réels progrès ensemble, en tant que partenaires égaux.
Le droit à la santé a également été l'une des principales conclusions du 6e sommet UE-UA qui s'est tenu à Bruxelles il y a deux ans. À l'heure actuelle, moins de la moitié des citoyens africains, soit quelque 615 millions de personnes, ont accès aux soins de santé dont ils ont besoin. Seulement 3 % de tous les médicaments et vaccins sont produits sur le continent africain, alors qu'il représente 11 % de la population mondiale et supporte un quart de l'ensemble des charges sanitaires.
La mission à Addis-Abeba s'inscrit dans l'ambition de la Présidence belge de l'UE de travailler avec les partenaires africains pour construire des systèmes de santé accessibles, abordables et de haute qualité ; promouvoir la santé et les droits sexuels et productifs, en particulier pour les filles et les femmes ; et de soutenir les gouvernements, les entreprises et les scientifiques africains dans la production de leurs propres médicaments et vaccins sûrs. C'est aussi l'occasion de mettre en lumière et d'évaluer les initiatives européennes récentes. Des initiatives telles que+, qui investit dans la production et l'accès à des vaccins et à des produits de santé de qualité sur tout le continent africain. L'Europe joue également un rôle dans le renforcement des capacités du CDC africain et élargira sa coopération afin qu'elle puisse faire face aux nouvelles épidémies et crises sanitaires encore plus rapidement et mieux. Pour renforcer l'ensemble de ces engagements, des accords de coopération seront signés au cours de la mission entre le CDC Afrique et les agences de développement françaises, allemandes et belges.
Le deuxième jour, l'ensemble de la délégation effectuera des visites sur le terrain, notamment à l'Institut de recherche Armauer Hansen, une institution de premier plan à Addis-Abeba qui mène des recherches sur les politiques de santé publique et les maladies tropicales. Dans la matinée, la délégation visitera un centre d'accueil pour les victimes de violences sexuelles et domestiques, soutenu notamment par ONU Femmes et les Pays-Bas. Un représentant du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sera également présent pour expliquer la prise en charge des victimes de violences sexuelles pendant les conflits.
Car en plus de la santé, il y aura aussi un volet humanitaire important lié à la mission. L'UA et l'UE envisageront la création d'une Agence humanitaire africaine. Il abordera également la réponse aux crises sanitaires dans les contextes humanitaires, l'importance du droit international humanitaire, la garantie de l'accès à l'aide humanitaire et à la protection, et les crises humanitaires « oubliées » sur le continent africain. Se concentrer sur les « crises oubliées » est également l'une des priorités de la Présidence belge de l'UE dans le domaine de la coopération au développement, et figure donc en tête de l'ordre du jour du Forum humanitaire européen des 18 et 19 mars 2024 à Bruxelles.
Le troisième et dernier jour de la mission, le ministre Gennez visitera l'Université d'Addis-Abeba. Il s'agit de l'une des universités éthiopiennes soutenues par VLIR-UOS, une plateforme flamande dédiée à la solidarité internationale et à la coopération par l'éducation. Avec un certain nombre de collègues européens, elle s'entretiendra avec des étudiants africains sur la façon dont ils voient l'avenir de la relation entre l'Europe et l'Afrique.
« L'attitude européenne pendant la pandémie de covid n'est pas la seule source de frustration dans les pays africains. Il s'agit aussi de relations de pouvoir biaisées, de notre passé commun, de l'application cohérente – ou incohérente – des droits de l'homme et du droit international... L'autorité et le prestige de l'Europe en souffrent. Cela laisse beaucoup de marge de manœuvre à des pays comme la Russie ou la Chine pour accroître leur influence – rarement au profit des Africains eux-mêmes. J'ai donc hâte d'entendre ce que les jeunes Africains ont à dire à ce sujet », conclut M. Gennez.