Communiqué de presse

« La violence doit cesser. Maintenant. »

La ministre de la Coopération au Développement, Caroline Gennez, tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme sur la situation humanitaire à Gaza et appelle à un cessez-le-feu humanitaire immédiat. En outre, la ministre demande que des couloirs humanitaires permanents soient mis en place afin que les travailleurs humanitaires et les secours matériels puissent atteindre la zone en toute sécurité. Elle demande aussi qu’il y ait un « système de notification humanitaire » qui permette de fournir l’aide aux personnes dans le besoin à des heures régulières et prévisibles. « Les travailleurs humanitaires font ce qu’ils peuvent et des fournitures humanitaires vitales commencent à arriver à Gaza. Mais sans cessez-le-feu humanitaire, l’aide d’urgence ne peut pas atteindre tout le monde. Le temps presse. La violence doit cesser. Maintenant. »

Après 18 jours de guerre, la situation à Gaza est désastreuse. 
 
Il y a plus de 5100 morts, dont près de la moitié sont des enfants. Au cours des seules dernières 24 heures, des centaines de personnes ont été tuées par d’intenses bombardements de l’armée israélienne. Plus d’un millier d’autres personnes sont portées disparues et se trouvent probablement encore sous les décombres. Un demi-million de Gazaouis ont fui vers le sud, mais il n’y a pas assez d’abris pour accueillir tout le monde. Des milliers de personnes sont entassées dans des écoles et des abris antiaériens où toilettes, douches et eau potable manquent. L’Organisation mondiale de la santé craint une épidémie de choléra. Etant donné que des frappes aériennes sont également menées dans le sud de Gaza, certains retournent vers le nord, malgré la menace d’une offensive terrestre. 
 
« Pour les civils de Gaza, chaque jour est une lutte pour survivre. L’eau et la nourriture sont si rares que tout doit être strictement rationné. Un litre d’eau est distribué à chacun par jour : pour boire, pour cuisiner, pour se laver. À titre de comparaison : ici, en Belgique, nous consommons environ 95 litres par personne au cours d’une journée normale. Les stocks médicaux baissent à vue d’œil. Depuis le 10 octobre, l’approvisionnement en électricité en provenance d’Israël a été coupé. La situation est désespérée », ajoute Caroline Gennez. 
 
Vu l’afflux de blessés dans les hôpitaux – environ 15.000 personnes – et le manque d’électricité et de médicaments, les habitants ne peuvent quasiment plus obtenir les soins dont ils ont besoin. La chimiothérapie de 9.000 patients atteints d’un cancer risque d’être interrompue par les conditions épouvantables dans le seul hôpital de Gaza doté d’un service spécialisé pour le cancer. Au cours du prochain mois, 50.000 femmes devront accoucher sans assistance médicale. L’ONU avertit que les réserves de carburant qui permettent aux générateurs de secours de fonctionner pour le moment seront également épuisées d’ici quelques jours. Ce qui serait synonyme d’une condamnation à mort pour des centaines de patients, dont des dizaines de nouveau-nés en couveuse. De plus, sans électricité ni carburant, l’eau ne peut plus être purifiée, ce qui pousse certaines personnes à boire de l’eau salée, avec toutes les conséquences que cela implique.
 
Entre-temps, plus de 200 civils israéliens innocents sont détenus par le Hamas. Beaucoup d’entre eux sont des enfants et des personnes âgées. Certains sont malades et ont besoin de toute urgence de médicaments spécifiques et vitaux. En plus d’exiger leur libération immédiate et inconditionnelle, il est crucial que les organisations humanitaires aient accès aux otages pour leur fournir l’assistance médicale nécessaire.
 
« Depuis le début de la guerre, nous sommes régulièrement en contact avec les ONG belges actives à Gaza et avec nos collaborateurs sur place. Ce matin, j’ai également rencontré quelques proches des otages israéliens. Tous leurs témoignages m’ont profondément émue. La lutte quotidienne pour la survie. Des travailleurs humanitaires qui continuent de travailler sous les bombes. Des parents qui ne savent pas si leurs enfants sont encore en vie et des enfants qui ont perdu leurs parents dans des circonstances horribles. La guerre fait rage, mais le chagrin et la souffrance humaine, la valeur d’une vie, sont les mêmes des deux côtés. C’est pourquoi nous devons continuer à plaider en faveur d’une désescalade. Nous, l’Europe, ne pouvons pas parler sans cesse des droits de l’homme et du droit international, et ne pas demander de cessez-le-feu humanitaire », indique Caroline Gennez.
 
Les dégâts matériels sont, eux aussi, considérables. Depuis le 7 octobre, un tiers des habitations de Gaza ont été détruites ou endommagées. Des quartiers entiers ont été rasés par les bombardements, des écoles et des hôpitaux – y compris ceux soutenus par la solidarité internationale – sont en ruines. 
 
Un projet de développement belge a également été touché par de récentes frappes aériennes. Il s’agit d’un centre pour la jeunesse et l’innovation dans le sud de Gaza où les jeunes pouvaient se rendre pour suivre des formations et participer à des activités sociales et culturelles. 
 
« Il va de soi que nous suivons attentivement nos projets à Gaza. Dans les semaines à venir, j’examinerai conjointement avec mes collègues européens comment nous pouvons identifier de manière détaillée les dommages causés aux infrastructures financées par la solidarité internationale et l’impact sur nos projets de développement », indique Caroline Gennez. 
 
L’aide humanitaire commence à arriver lentement par le poste-frontière avec l’Égypte. Depuis le week-end, 54 camions transportant des secours sont arrivés à Gaza. « C’est une bonne nouvelle, mais ce n’est pas suffisant », indique Gennez. « Selon l’ONU, l’équivalent d’un minimum de 100 camions par jour est nécessaire pour répondre aux besoins humanitaires colossaux.»
 
Et tandis que le monde a les yeux tournés vers Gaza, la violence s’accroît également en Cisjordanie. Depuis le 7 octobre, 95 civils palestiniens, dont 20 enfants, ont été tués par des colons israéliens. Plus de 540 personnes dans 13 villages ont dû quitter leur maison sous la contrainte. L’intimidation et les fusillades sont désormais le lot quotidien des habitants. 
 
Caroline Gennez ajoute : « Je suis profondément préoccupée par la situation en Cisjordanie. Une spirale de haine et de violence menace maintenant d’ouvrir un deuxième front et d’entraîner toute la région dans la guerre. Toute l’attention de la communauté internationale est désormais concentrée sur Gaza, mais le droit international doit également être respecté dans le reste des territoires palestiniens occupés. »